NewsLetterOnline.net - Edition 405 du 26 juillet 2009

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naufrage de The Pirate Bay ?L'histoire se répète une nouvelle fois, c'est à croire que les ayants droit oublient trop rapidement les leçons du passé. The Pirate Bay suit en effet très exactement la même destinée que feu-Napster.

Très populaire, le service peer-to-peer Napster avait été rapidement mis en difficulté par les majors du disque qui avaient lancé contre lui de nombreuses poursuites judiciaires. Ne pouvant plus suivre d'un point de vue financier, Napster fut dans l'obligation de collaborer en stoppant son service, puis en vendant tous ses actifs à un ayant droit, Bertelsmann (BMG), qui l'avait auparavant financé car il voyait en lui une bonne occasion pour lancer un site légal de vente de musique avec une solide base de clients. Mais ce fut un échec, car dès l'arrêt de Napster, les internautes se sont immédiatement détournés du site pour rejoindre les très nombreux services peer-to-peer concurrents ayant éclos dans sa foulée (en particulier KaZaA), qui offraient une plus grande souplesse d'utilisation et un plus grand choix de fichiers. Ironiquement, l'affaire s'est très mal terminée pour Bertelsmann, puisque la justice a bloqué la vente de Napster, et lui a imposé de verser des centaines de millions d'euros pour avoir continué d'exploiter le service sans mettre en place un dispositif de filtrage des titres protégés par le droit d'auteur. Ruiné par cette affaire, BMG a par la suite été racheté par Vivendi Universal, alors que Napster a de son côté été racheté par Roxio afin de lancer le service actuel.

Maintenant, remplacez dans le paragraphe précédent Napster par The Pirate Bay, et Bertlesmann par Global Gaming Factory X, et vous aurez une petite idée de la situation actuelle (et future).

La pression judiciaire : Pour rappel, les administrateurs de The Pirate Bay ont été condamnés par le juge Tomas Norström en première instance à un an de prison et 3 millions d'euros de dommages et intérêts. Outre la procédure d'appel toujours en cours, ils comptaient sur un vice de procédure pour annuler le premier procès, puisque le juge avait dissimulé son appartenance à des organisations de protection du droit d'auteur en tant que membre et administrateur, ce qui faisait porter de lourds soupçons sur l'impartialité du procès. Mais le juge de la cour d'appel de Stockholm, Anders Eka, a estimé que les liens de Norström avec ces organisations n'avaient pas suffisamment influencé sa décision pour annuler le jugement de première instance, qui se voit donc validé. Les fondateurs du site ont annoncé leur intention de saisir la Cour européenne des droits de l'Homme. Rappelons que Anders Eka avait lui-même été mis en cause pour son appartenance au Centre de Stockholm pour le Droit commercial, où il travaille avec Monique Wasted et Peter Danowsky, les avocats des ayants droit lors du procès contre The Pirate Bay.

Le rachat : A la surprise générale, les administrateurs de The Pirate Bay ont annoncé le rachat du site de liens torrents par Global Gaming Factory X AB (GGF X AB), un éditeur spécialisé dans les salles de jeu vidéo (dont certains dirigeants sont des connaissances des fondateurs du site pirate), pour 5,5 millions d'euros. L'opération serait conclue en août, et aboutirait à faire évoluer le modèle économique du site pour mettre en place un contrôle des contenus échangés afin de s'assurer de la légalité des échanges. La solution de partage se baserait sur l'offre de la société Peerialism (que GGF X AB rachèterait dans la foulée), laquelle permet de conserver une compatibilité avec BitTorrent. GGF X AB envisage un modèle économique basé sur plusieurs plans : affichage de publicités, abonnement mensuel obligatoire (l'accès serait donc payant, mais dépendrait du niveau de partage de la bande passante, autrement dit plus un internaute offre sa bande passante pour partager du contenu, moins il paye), et enfin revente aux FAI d'une partie de la bande passante créée par le partage des connexions des internautes (c'est ce qu'essaye de vendre BitTorrent Inc, mais sans succès). Il faut avouer que la stratégie annoncée a de quoi laisser perplexe, car elle ressemble fort à d'autres expériences (Peer Impact, Songspy, Mashboxx...) qui ont toutes échouées.
Sans surprise, les utilisateurs du site ont rapidement fait connaitre leur désapprobation, en lançant de multiples attaques DDoS contre lui. Face aux critiques, le site a promis la mise en place d'un système de suppression de comptes, même si aucune information n'est réellement conservée. En outre, The Pirate Bay a annoncé que l'argent récolté servirait à créer une fondation de défense de la liberté d'expression sur Internet.
Toutefois, cette vente n'est absolument pas certaine : d'une part, GGF X AB a indiqué que la vente ne se ferait qu'à condition que le nouveau Pirate Bay devienne entièrement légal et payant. D'autre part, l'autorité boursière suédoise a lancé une enquête car elle soupçonne un délit d'initié (une grande partie des actions de GGF X AB ont été échangées une semaine avant le rachat, et le cours de l'action a depuis l'annonce augmenté de 170 %). Enfin, l'organisation antipiratage néerlandaise Stichting Brein, qui cherche à faire interdire l'accès au site depuis les Pays-Bas, a étendu sa plainte à GGF X AB suite à l'annonce du rachat. The Pirate Bay, qui a découvert le procès intenté contre lui dans la presse, a décidé de riposter en demandant à la cour néerlandaise de classer l'affaire, et a lancé des poursuites contre l'organisation Brein pour diffamation.

Le futur : « Si c'est la mort des torrents, l'histoire nous enseigne que quelque chose de mieux viendra » a indiqué Peter Sunde, un des fondateurs de The Pirate Bay. Ainsi, en parallèle de l'annonce de la vente, The Pirate Bay continue d'innover en lançant un nouveau site indépendant, VideoBay, qui est une plateforme de diffusion des vidéos en streaming, compatible Ogg Thera/Ogg Vorbis (une des composantes possibles de l'HTML 5). D'autre part, il a ouvert un nouveau tracker, OpenBitTorrent, qui est comme son nom l'indique ouvert : « OpenBitTorrent est un tracker BitTorrent libre pour quiconque souhaite l'utiliser. Vous n'avez pas besoin de vous enregistrer, d'uploader ou d'indexer un torrent où que ce soit, tout ce que vous avez à faire c'est d'ajouter l'URL de OpenBitTorrent dans votre torrent ». L'intérêt de ce service est de ne plus commettre la même erreur qu'avec Pirate Bay, c'est à dire d'héberger simultanément des torrents (qui indexent le contenu) et un tracker (qui est un simple outil). En ne proposant qu'un tracker (qui est d'ailleurs géré par une nouvelle société), le site rend plus difficile sa fermeture puisqu'il ne possède plus la connaissance de ce qui est partagé (ce service sera en outre dépourvu de logs, et des API seront fournis pour les services tiers). Enfin, pour compliquer les poursuites, un système de synchronisation entre trackers serait en préparation (si un tracker tombe, les autres peuvent ainsi prendre la relève). Ainsi, un second site quasiment identique, PublicBitTorrent, vient d'ouvrir. Il utilise la même technologie Opentracker. Un troisième site serait également sur le point d'être lancé.
En bref, The Pirate Bay va probablement disparaitre, mais la relève est déjà là. Au grand dam des ayants droit.

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Hadopi 2 : vers une nouvelle censure du Conseil Constitutionnel ?

Assemblée NationaleDans son allocution à Versailles en juin dernier, le président Nicolas Sarkozy avait affirmé à propos de la loi Hadopi : « j’irai jusqu’au bout ». Jusqu'à être ridicule ? La première censure du Conseil Constitutionnel avait déjà marqué durablement la première version de la loi, qui a malgré tout était promulguée pour sa partie non censurée (le mécanisme de surveillance d'alerte). Il restait donc à valider la partie répression, quitte à prendre quelques détours inconstitutionnels pour obtenir gain de cause.

Le texte avait déjà été adopté par le Sénat le 8 juillet dernier par 189 voix contre 142. Notez que les sénateurs socialistes, qui avaient voté pour au premier passage d'Hadopi 1, puis s'étaient abstenu au second passage d'Hadopi 1, ont cette fois voté contre Hadopi 2, Un seul amendement a été adopté, autorisant un internaute accusé de téléchargement illégal à être entendu à sa demande par l'Hadopi.

Le texte vient d'être étudié à l'Assemblée Nationale. Mais contrairement à ce que souhaitait Nicolas Sarkozy, le vote a été repoussé, et n'interviendra pas avant mi-septembre. En effet, d'une part les députés de l'opposition ont usé d'obstruction en déposant 863 amendements (sur 894), et d'autre part, un vote solennel ayant été demandé, l'UMP a craint qu'à la dernière journée de la session parlementaire elle se retrouve en minorité. D'ailleurs, l'examen des amendements par la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale avait déjà dû être reporté de plusieurs heures, faute d'un nombre suffisant de députés UMP...

Sur les 894 amendements (dont certains étaient très loufoques, comme renommer le texte en « projet de loi tendant à instaurer un contrôle de l'Internet », ou « projet de loi tendant à préserver le patrimoine des artistes redevables de l'impôt de solidarité sur la fortune »), quelques-uns ont été adoptés mais ne modifient que peu le texte, qui ressemble finalement fortement au texte précédent, en un peu plus répressif :
- Une procédure judiciaire simplifiée a été choisie : ce sera l'ordonnance pénale avec un juge unique, sans débat contradictoire. Une procédure déjà vivement critiquée, puisqu'elle existe pour des cas d'exceptions où la culpabilité est facile à démontrer (c'est le cas des amendes pour excès de vitesse avec un radar), ce qui sera très complexe pour les délits de contrefaçon qui sont ici visés (une enquête de police s'avèrerait nécessaire). En outre, une telle procédure ne peut s'appliquer aux mineurs, alors que c'est la cible principale du texte... L'internaute reconnu coupable sera passible de 3 ans de prison, 300.000 euros d'amende, et une nouvelle peine facultative qui est la suspension d'Internet pour une durée d'un an maximum.
- C'est l'Hadopi qui constituera le dossier destiné au juge, ce qui pose à nouveau le problème de séparation des pouvoirs.
- Une exception à l'exception est rajoutée. L'ordonnance pénale ne peut en effet donner droit à des dommages et intérêts. Les ayants droit seront donc informés au préalable de la procédure, et seront en mesure de la stopper pour lancer leurs propres attaques en justice. Un tel déséquilibre entre l'accusation et la défense risque d'être censuré par le Conseil Constitutionnel.
- Le texte ajoute un autre délit : la négligence caractérisée, dans le cas où le titulaire de la ligne a déjà été informé d'un cas de téléchargement illégal sur sa ligne sans avoir pris les dispositions appropriées (c'est le retour du fameux logiciel de sécurisation dont on ignore tout, si ce n'est que Michèle Alliot-Marie a précisé que ces logiciels devraient être développés par... les FAI !). L'internaute risque cette fois une forte contravention et un mois de suspension d'Internet, et peut être accusé de complicité avec le pirate. Selon le député UMP Lionel Tardy, cet article pose de « gros problèmes de constitutionnalité ».
- Un internaute ne pourra se réabonner chez un autre FAI en cas de coupure de ligne. S'il le fait et est à nouveau repéré, il est cette fois passible d'une amende de 3750 €. En cas de suspension de ligne, l'abonnement reste dû au FAI (il reste possible néanmoins de résilier l'abonnement à ses frais).
- Seule bonne nouvelle : la messagerie électronique reste exclue de ce dispositif et ne pourra donc être surveillée, contrairement à ce que le texte du Sénat demandait, ce qui était inconstitutionnel. D'autre part, les internautes convoqués par l'Hadopi pourront se faire représenter par un "conseil" et non par un "avocat".
- Enfin, pour éviter des sanctions disproportionnées, le texte indique que le « juge doit prendre en compte les circonstances et la gravité de l'infraction ainsi que la personnalité de son auteur (notamment son activité professionnelle ou sociale) ».

La Commission Mixte paritaire se réunira en septembre pour fusionner les textes issus de l'Assemblée Nationale et du Sénat, avant le vote final prévu en septembre. Bien évidemment, si le Conseil Constitutionnel ne censure pas le texte (ce qui semble peu probable, du moins partiellement), la mise en oeuvre risque d'être très problématique. Notez d'ailleurs que seuls 10.000 titres de musique et 1000 films seront surveillés (la liste sera secrète et maintenue à jour), ce qui laisse déjà augurer d'un résultat peu probant. Notez que c'est Extelia, une filiale de La Poste, qui est chargé du prototype pour l'expédition des messages d'avertissement de l'Hadopi, et qui sera l'intermédiaire entre les ayants droit et les FAI. D'ores et déjà, des internautes ont soulevé plusieurs problèmes de sécurité sur son site (permettant l'injection de code, ou encore permettant d'accéder à la liste des abonnés de sa newsletter), ce qui risque de soulever de nouvelles polémiques sur la sécurité du futur système...

Les articles de la semaine

1 - Quatrième licence 3G : pour quelques millions d’euros de plus (article publié le 16 juin 2009)

antenneLa Commission des Participations et des Transferts (CPT) a tranché : selon elle, le prix de la quatrième licence 3G est estimé à 240 millions d’euros pour chacun des 3 blocs de fréquence (un pour le nouvel entrant et deux autres pour tous les opérateurs), au lieu de 206 millions d’euros. Soit une légère inflation de 34 millions d’euros, c’est toujours ça de plus pour l’Etat… Luc Chatel a confirmé que c’est bien sur ce tarif que sera réalisé l’appel d’offres, qui sera lancé avant la fin de l’été.
La stratégie de Free ne devrait donc pas être remise en cause.

Mise à jour du 17 juin 2009 : Sans surprise, Free a réagi positivement à cette décision, affirmant qu’il s’agissait d’une bonne nouvelle qui ne remettait pas en cause ses ambitions. Cet enthousiasme n’est pas vraiment partagé par Orange, qui a menacé de porter plainte : « s’il s’avérait que la redevance était proposée à un niveau bien inférieur à celle acquittée par les trois opérateurs en place [...], le principe d’équité entre les opérateurs ayant une licence [...] serait violé ». Il engagerait alors « les actions contentieuses pour le faire constater, sauf à ce que le gouvernement en tire les conséquences et aligne la nouvelle licence sur le prix payé par Orange, SFR et Bouygues Telecom ». Une réaction en ligne avec le discours des 3 opérateurs mobiles devant la CPT. Notez au passage qu'Orange avait devant cette commission évalué le coût de cette licence à 1,3 milliard d’euros (!),  donc le double du prix payé par les 3 opérateurs mobiles pour leur propre licence (619 millions d’euros) alors que la quatrième licence propose 3 fois moins de fréquences... SFR et Bouygues avaient été un peu plus raisonnables, en estimant ce coût entre 400 et 500 millions d'euros.

Mise à jour du 26 juillet 2009 : Alors que seul Iliad (Free) postulait pour la quatrième licence 3G, son coût « abordable » semble attirer de nouveaux concurrents. A ce jour, les MVNO Virgin Mobile et Kertel (ce dernier étant ironiquement une ancienne filiale d'Iliad), et l'égyptien Orascom, envisagent également de déposer un dossier. Mais il est peu probable qu'ils se lancent seuls dans la bataille, ils sont tous les trois à la recherche d'un partenariat, contrairement à Free qui a récemment réaffirmé son intention de se lancer seul.
Du côté de l'appel d'offres, le feuilleton continue. Le 23 juillet, le ministère de l'Economie devait publier au Journal Officiel le décret et l'arrêté devant permettre de démarrer la procédure. Mais le gouvernement semble avoir de nouveau reculé. Selon le quotidien Les Echos, « l'Elysée a finalement demandé de temporiser sur ce dossier, mais la procédure sera lancée dans les prochains jours », vraisemblablement avant fin juillet. Notez que le gouvernement pourrait exiger que le nouvel opérateur propose une offre d'entrée de gamme pour les consommateurs qui n'utilisent leurs lignes que quelques dizaines de minutes par mois.
Enfin, une autre difficulté pour le nouvel entrant sera le déploiement de nouvelles antennes, ce qui sera très délicat vis-à-vis de leur impopularité, mais des rumeurs laissent penser que Free pourrait résoudre en partie le problème en diffusant une nouvelle Freebox incluant une femtocell. C'est ce que propose déjà Bewan avec son boitier iBox Femtocell, permettant de router les appels 3G via la ligne ADSL en VoIP.

2 - Hadopi : une simple déclaration sur l’honneur permettait de prouver sa bonne foi (article publié le 17 juin 2009)

Conseil ConstitutionnelOutre son verdict, le Conseil Constitutionnel a publié les observations du gouvernement sur les accusations présentes dans la saisine de l’opposition concernant la loi Création et Internet. Dans celle-ci, le gouvernement dévoile ses réflexions sur les éléments que les internautes accusés pouvaient apporter pour se disculper. Le moins que l’on puisse dire est que ces preuves sont pour le moins stupéfiantes. Ainsi, l'abonné aurait pu « produire le dépôt d'une plainte pour intrusion à son domicile, ou tout élément établissant son absence à l'heure où l'acte incriminé a été constaté ». Mieux, il aurait pu « se borner à produire une attestation sur l'honneur déclinant sa responsabilité, sous réserve de l'éventuel engagement de poursuites pénales en cas de mensonge ».

Du côté des logiciels de sécurité, le gouvernement avoue que le but prioritaire était de faire du filtrage de protocole, afin  de faire « obstacle à l'utilisation des logiciels nécessaires pour procéder aux échanges de pair-à-pair ». Mais le plus incroyable reste le fait qu’il n’était pas nécessaire de l’activer : « Il va de soi que la démonstration qu'un moyen de sécurisation a été utilisé pourra être effectuée par tout moyen (courriel reçu de la part du fournisseur d'accès, relevé d'état du système, attestation du gestionnaire de pare-feu...) et qu'elle ne portera que sur l'installation d'un tel système et pas sur la preuve que celui-ci aurait été activé à tout instant » ! Etait-ce une loi en carton-pâte ?

3 - Le gouvernement chinois impose l’installation d’un spyware sur les PC commercialisés dans le pays (article publié le 17 juin 2009)

Big BrotherDans sa quête perpétuelle pour filtrer Internet et espionner ses concitoyens, le gouvernement chinois s’est trouvé une nouvelle lubie : imposer à partir du 1er juillet l’installation d’un logiciel de filtrage sur tous les PC (Windows) vendus dans le pays, un logiciel qui fera également office de spyware. Ce logiciel, nommé « Green Dam-Youth Escort » (Barrage Vert – Escorte des jeunes), est développé par la société Jinhui Computer System Engineering Co. Jouant officiellement le rôle de logiciel de contrôle parental (contre la pornographie et les contenus jugés illégaux) et gratuit (le gouvernement aurait acquis une licence pour une durée d’un an), il serait également capable de lister les sites bloqués et permettrait de collecter des informations personnelles. Il pourrait toutefois être désinstallé.

Pour noircir un peu plus le tableau, le logiciel serait entaché de nombreuses failles de sécurité, ce qui fait dire aux experts en sécurité que l’installation obligatoire de ce logiciel pourrait simplifier la création de botnets géants. Pour finir en beauté, il faut signaler que la firme américaine Solid Oak Software accuse l’éditeur chinois d’avoir plagié son logiciel de filtrage CyberSittter, et de lui avoir volé des modules de son logiciel comme le  module de mise à jour. Solid Oak Software menace de lancer une procédure judiciaire pour interdire l’installation du logiciel chinois sur les machines des fabricants américains.

Face aux nombreuses critiques (en particulier celles de Microsoft) et au retard du logiciel qui serait extrêmement buggué, le gouvernement chinois a indiqué que si le logiciel était installé par défaut, rien n’obligeait les utilisateurs à s’en servir. Mieux, il n’y aurait désormais plus d’obligation de l’installer, le logiciel pouvant être fourni sur un CD-ROM séparé.

Mise à jour du 26 juillet 2009 : Le gouvernement chinois a finalement décidé de reporter l'installation de son logiciel de filtrage, car « certains fabricants ont fait valoir qu'une telle installation à grande échelle demandait du temps ». Pourtant, certains constructeurs (Acer, Sony, Lenovo, BenQ et Haier Group) ont déjà anticipé la demande et ont déjà intégré le logiciel sur leurs PC en dépit des failles de sécurité. Bien évidemment, Solid Oak Software a déjà engagé des poursuites contre Acer, Lenovo et Sony... Enfin, une nouvelle solution de filtrage serait en cours de préparation. Nommée « Blue Dam » (Barrage Bleu) et utilisant une combinaison hardware et software, elle serait 20 fois plus puissante que son prédécesseur.

4 - NVidia dévoile de nouveaux GPU mobiles compatibles DirectX 10.1 (article publié le 18 juin 2009)

nVidiaPour rattraper son retard sur AMD, nVidia a annoncé l’arrivée prochaine de GPU mobiles gravés en 40 nm, les GT215, GT216 et GT218. Si peu de détails ont été dévoilés, les quelques informations qui ont été fournies confirment un changement d’architecture. En effet, ces GPU sont enfin compatibles DirectX 10.1 et certains supportent la GDDR5. Cinq modèles seront commercialisés :

GeForce GTS 260M : 1 Go de GDDR5 128 bits, 96 unités de calcul, 550/1375/1800 MHz, TDP de 38 W
GeForce GTS 250M : 1 Go de GDDR5 128 bits, 96 unités de calcul, 500/1250/1600 MHz, TDP de 28 W
GeForce GT 240M : 1 Go de GDDR3 128 bits, 48 unités de calcul, 550/1210/800 MHz, TDP de 23 W
GeForce GT 230M : 1 Go de GDDR3 128 bits, 48 unités de calcul, 500/1100/800 MHz, TDP de 23 W
GeForce G210M : 512 Mo de GDDR3 64 bits, 16 unités de calcul, 625/1500/800 MHz, TDP de 14 W

Si les performances semblent proches de la gamme actuelle (la GeForce GTS 250M semble par exemple équivalente a la GeForce 9800M GT), leur consommation est en revanche en forte baisse (TDP de 28 W pour la GeForce GTS 250M contre 65 W pour la GeForce 9800M GT).
Ces nouveaux GPU sont attendus pour la rentrée.

Mise à jour du 26 juillet 2009 : NVidia va également proposer d'ici octobre des GPU 40 nm pour les PC de bureau. Dans un premier temps, ce seront des GPU d'entrée de gamme pour cartes low profile : le GeForce G210 (GT218, 512 Mo de GDDR3 64 bits, 16 unités de calcul, 589/1402/500 MHz, TDP de 30,5 W, 35 $) et le GeForce GT 220 (GT216, 1 Go de GDDR3 128 bits, 48 unités de calcul, 615/1355/790 MHz, 60 $). Ils remplacent respectivement les GeForce 9400 et GeForce 9500 GT. Ils supportent les technologies PureVideo HD VP3, DX Compute, OpenGL 3.1, OpenCL, Cuda et PhysX. Ils sont également compatibles DirectX 10.1 (alors que nVidia a toujours refusé de soutenir la dernière version de l'API de Microsoft, contrairement à AMD. Le G210 devrait être réservé au marché OEM, et intègre une spécificité particulière : il sera en mesure de véhiculer un flux audio LPCM 7.1 vers le port HDMI, comme sur la série Radeon HD 4000. Jusqu'à aujourd'hui, cette possibilité était offerte par nVidia uniquement avec les solutions graphiques intégrées GeForce 8200/8300/9300/9400. Enfin, on murmure qu'un GT230 pourrait débarquer en décembre.

5 - Surcouf change à nouveau de mains (article publié le 22 juin 2009)

SurcoufLa chaine de magasins informatiques Surcouf était tombée dans l’escarcelle de PPR en 2000 (achetée 44 millions d’euros), mais n’a pas atteint les objectifs qui lui étaient fixés. C’est pourquoi elle se prépare à changer de propriétaire : PPR vient en effet de revendre Surcouf aux magasins Youg's, qui appartiennent a la famille Mulliez, qui possède déjà tout ou partie de plusieurs de ses concurrents, en particulier Grosbill, Auchan, les 3 Suisses, Boulanger... A cette occasion, Youg's change de nom et devient Surcouf.

Pour atteindre ses nouveaux objectifs, les magasins sont amenés à changer radicalement puisqu’ils devraient désormais être le prolongement naturel du site web sur lequel des efforts seront entrepris. Selon Vincent Arnault, le nouveau directeur général de Surcouf, le catalogue de produits sera enrichi de 50 % (il référencera 30.000 produits), et les prix devraient désormais être revus à la baisse pour s’aligner sur les prix les plus bas du marché et ceux du web (Surcouf va-t-il enfin concurrencer les boutiques de la rue Montgallet ?). Les clients pourront essayer des produits en magasins et le service après-vente sera enfin clairement identifié.

Le groupe Surcouf possède désormais 8 magasins, un chiffre d'affaires de près de 300 millions d'euros et environ 700 employés.

Mise à jour du 26 juillet 2009 : Ca bouge également dans le commerce en ligne : RueDuCommerce vient ainsi de s'emparer du site marchand Alapage.com (filiale de France Telecom) et devient à l'occasion le troisième site marchand français en terme d'audiences (8 millions de visiteurs uniques par mois). C'est la troisième filiale de l'opérateur que RueDuCommerce acquiert, après Clust et TopAchat. De son côté, Amazon va se lancer dans la vente de vêtements : il vient de débourser 850 millions de dollars pour racheter Zappos, le leader américain de la vente de chaussures.

6 - Opera Unite : Opera invente le serveur d’applications pour tous (article publié le 22 juin 2009)

Opera UniteOpera souhaite réinventer le web, en lançant un service en ligne qu’il juge révolutionnaire, Opera Unite. Il permet de transformer son navigateur Internet Opera 10 en serveur d’applications, en offrant un nombre de services très faciles à administrer et permettant également de simplifier le partage de contenus. Selon Opera, « Avec Opera Unite, n’importe quel utilisateur quotidien et non-technicien pourra servir et partager du contenu et des services directement depuis son ordinateur sous la forme d’applications intuitives ».

Les services présents dans cette première version alpha sont les suivants : messagerie instantanée, lecteur multimédia, salon de discussion, partage d’images, partage de musique (service de streaming), partage de fichiers, partage de notes, et hébergement de site web. Il est même possible de lancer plusieurs instances par service. Le tout est plutôt bien réalisé pour une version alpha, et pourrait révéler des usages insoupçonnés, puisque les développeurs sont invités à développer leurs propres services basés sur le trio HTLM/Javascript/CSS.

Le logiciel nécessite un compte Opera, mais il faut souligner que les liens d’invitation fonctionnent avec tous les navigateurs Internet du marché. Opera Unite n’est probablement pas une révolution, mais a le grand avantage de simplifier et de réunir sous l’unique interface d’un navigateur web des services disponibles par ailleurs. Le logiciel est disponible sur Windows, Linux et MacOS X.

Mise à jour du 26 juillet 2009 : Opera a mis en ligne la nouvelle version beta 2 d'Opera 10, mais elle n'intègre pas Opera Unite. Elle reste néanmoins prévue pour la version finale. Pour le moment, seule une version dédiée est disponible pour tester le service. http://unite.opera.com/

7 - Windows 7 Starter : un système bridé... mais pas son prix (article publié le 23 juin 2009)

Windows 7La politique tarifaire de Microsoft m’étonnera toujours. Windows 7, dont la date de commercialisation a officiellement été fixée au 22 octobre 2009, sera disponible dans une version dédiée aux netbooks, sous le nom Windows 7 Starter (avec quelques limitations, comme la prise en charge d’un seul écran, ou l’absence de Media Center). Mais Microsoft vient d’annoncer que cette version sera proposée aux OEM entre 45 et 55 $, alors que la version OEM de Windows XP coûte actuellement entre 15 et 30 $. La concurrence étant très vive dans ce secteur, les OEM pourraient donc conserver l’ancien système pour maintenir un prix de vente suffisamment bas.
Et Microsoft les encourage puisqu’il vient de prolonger l’autorisation pour les OEM de downgrader de Windows 7 à Windows XP jusqu’en avril 2011, soit une période de 18 mois contre 6 mois auparavant. Les constructeurs sont néanmoins toujours en négociations avec l’éditeur pour obtenir un prix plus raisonnable.



8 - Activision Blizzard menace d’abandonner la PS3 et la PSP (article publié le 23 juin 2009)

Activision BlizzardCoup de tonnerre chez Sony. Robert Kotick, le PDG d’Activision Blizzard, premier éditeur tiers mondial, s’en est pris à la politique du fabricant sur le marché des consoles lors d’une interview au quotidien britannique The Times : « Sony doit baisser le prix [de la PS3], parce que dans le cas contraire, le taux d’attachement risque fort de chuter. Si nous sommes réalistes, nous pourrions avoir à mettre un terme à notre soutien à Sony. Quand nous nous projetons en 2010 et 2011, nous nous demandons s'il faut soutenir cette console, tout comme la PSP ». Ce n’est pas la première fois qu’Activision critique le prix élevé des consoles de Sony, mais c’est la première fois que la menace est aussi précise : « Cela coûte cher de développer pour la console, et la Wii et la Xbox se vendent mieux. Les jeux génèrent un meilleur retour sur investissement sur Xbox que sur PlayStation ».

Bien évidemment, la médiatisation de cette déclaration a sans aucun doute comme but d’engager des négociations afin de faire baisser le niveau de royalties qu’Activision verse à Sony (environ 500 millions de dollars par an), mais la situation financière désastreuse de Sony pourrait rendre difficile cet objectif. La réponse de ce dernier, par la voix de son porte-parole Patrick Seybold, est d’ailleurs restée très politiquement correcte : « PlayStation connaît un énorme élan depuis l'E3, et nous assistons à une croissance positive avec plus de 350 titres destinés à débarquer sur toutes nos plates-formes, incluant beaucoup de jeux attendus de la part de nos partenaires éditeurs. Nous bénéficions de saines relations d'affaires avec eux, les estimons énormément, et travaillons en étroite collaboration avec ces partenaires afin d'offrir la meilleure expérience de divertissement ». Toutefois, Sony aurait tord de prendre à la légère ces menaces, puisque c’est comme cela qu’a débuté la chute de plusieurs consoles, telles que la Dreamcast de Sega, la Nintendo 64 et la Gamecube de Nintendo...

Mise à jour du 26 juillet 2009 : Sony ne semble pas impressionné par les menaces de l'éditeur. Interrogé sur la logique qu'il y a de ne pas baisser le prix de sa console, Howard Stringer, le CEO de Sony, a répondu que le prix de la PS3 ne sera pas réduit : « Je perdrais de l'argent sur chaque PlayStation que je ferrais, Où est la logique ? ». Et concernant les menaces de Robert Kotick : « Il aime faire beaucoup de bruit [...] Il me met la pression et je lui mets la pression également. C'est ça, le business ».
Pendant ce temps, les joueurs grognent contre plusieurs décisions controversées d'Activision Blizzard pour faire plus d'argent : multiplication des services payants dans World of Warcraft (Blizzard envisagerait même de basculer d'un système d'abonnement mensuel vers un système free-to-play avec des micro-transactions et de la publicité), et suppression du mode LAN de Starcraft II et Diablo III (pour obliger les joueurs à passer par Battle.Net).

9 - SFR ajoute une option 3G à son offre ADSL (article publié le 24 juin 2009)

SFR 3G+Pour se démarquer de la concurrence (en particulier de Free), SFR a ajouté une nouvelle option à son offre ADSL NeufBox : pour 5 € de plus par mois, les clients peuvent bénéficier de 3 heures de connexion Internet 3G+ (jusqu’à 3,6 Mb/s). Au-delà de 3 heures, le forfait adapté est automatiquement sélectionné. L’offre est sans engagement, et la Clé Internet 3G+ est proposée à 1€. Ce service inclut également un accès illimité à plus de 1,5 million de points d’accès WiFi SFR (mais c’était déjà le cas de l’offre ADSL).

Le forfait « NeufBox + Clé Internet 3G+ » est proposé jusqu’au 18 août 2009, dans la limite des 20.000 premières nouvelles souscriptions et 20.000 souscriptions pour les clients actuels à l’offre NeufBox  de SFR.

Mise à jour du 26 juillet 2009 : SFR a également annoncé que dans le but de s'affranchir du réseau de France Telecom, il vient de débuter le déploiement d'un nouveau réseau combinant fibre optique et HSDPA pour y relier ses antennes-relais. ll sera déployé en 2010 sur les 350 sites les plus chargés (66 % des sites parisiens, 50 % des sites marseillais et 50 % des sites lyonnais). Dans le même temps, son infrastructure HSDPA vient d'être mise à jour pour offrir dès à présent un débit doublé en download (14,4 Mb/s contre 7,2 Mb/s auparavant).

10 - La vente de PC dans le monde enregistre une chute historique (article publié le 24 juin 2009)

PC en feuSelon iSupply, la crise touche de plein fouet le marché du PC. Au premier trimestre 2009, 66,5 millions d’ordinateurs ont été livrés dans le monde, ce qui représente une baisse de 8,1 % par rapport au premier trimestre 2008 et un effondrement de 14,4 % par rapport au précédent trimestre, ce qui est pire que les prévisions des analystes d’iSupply et qui représente la plus forte chute enregistrée par la société depuis sa création il y a 7 ans. Sans surprise, ce sont les PC de bureau qui enregistrent la plus forte dégringolade (- 23 % en un an), alors que les ventes de portables (et surtout de netbooks) sont toujours en hausse (+ 10 %).

Le grand perdant de cette crise est Dell, puisque ses ventes se sont écroulées de 18,7 % en un an, ce qui le met à la portée d’Acer qui connait une croissance de 9,5 %. Dans le même temps, Toshiba affiche une croissance insolente de 13,2 %, ce qui est une menace pour Lenovo qui est frappé par un recul des ventes de 7,7 % en un an. De son côté, HP fait seul la course en tête avec des ventes stables (+ 0,4 %). Le classement des constructeurs, s’il reste inchangé, pourrait donc bouger dans les prochains mois. Pour le moment, on retrouve HP reste en tête (19,7 % de parts de marché), suivi de Dell (13,2 %), Acer (11,1 %), Lenovo (6,7 %) et Toshiba (5,2 %).

Enfin, notez que iSupply a indiqué que les prévisions pour le second trimestre semblent être nettement meilleures.

Mise à jour du 26 juillet 2009 : Selon Gartner, la situation n'est pas meilleure au second trimestre 2009 : les ventes reculent encore de 5 % avec 68,1 millions d'unités écoulées (ce qui est un peu mieux que son pronostic précédent qui était une chute de 9,8 %). HP est toujours le numéro 1 mondial avec 19,6 % de parts de marché, mais la lutte pour la seconde place est acharnée entre Dell (13,6 %) et Acer (13,5 %).
En zone EMEA, la chute atteint 11 %, avec 20,5 millions de PC écoulés, mais la situation aurait pu être pire sans les netbooks qui continuent de tirer le marché vers le haut. HP reste le premier constructeur européen avec 21,1 % de parts de marché, mais il est désormais menacé par Acer (20,6 %), alors que Dell est désormais loin derrière (10,2 %).

11 - Bye bye Christine ! C’est Frédéric Mitterrand qui sera chargé de la mise en œuvre de l’Hadopi (article publié le 24 juin 2009)

Christine Albanel et Frédéric MitterrandLa DADVSI a eu la peau de Renaud Donnedieu De Vabre, l’HADOPI a eu celle de Christine Albanel. La gestion médiatique catastrophique du projet de loi Création et Internet par la ministre ne laissait pas beaucoup de chances à cette dernière de voir son poste reconduit à l’issue du remaniement du gouvernement. L’information est désormais confirmée : Albanel est remerciée, et est remplacée par Frédéric Mitterand, qui l’avait d’ailleurs annoncé plusieurs heures avant l’annonce officielle. Il faut avouer que la situation est plutôt injuste pour Christine Albanel, puisqu’elle n’a fait que porter le texte voulu par Nicolas Sarkozy, dont le parcours au sein des institutions s’annonçait déjà difficile…

La première tâche de Frédéric Mitterrand, qui était jusqu’ici directeur de la Villa Médicis (l’Académie de France à Rome), sera de faire adopter un complément à la loi Création et Internet, un texte hautement répressif destiné à réintroduire la licence graduée censurée par le Conseil Constitutionnel. Il s’agira d’un texte très court introduisant des procédures judiciaires accélérées sous la forme d’ordonnance pénale (ce qui pose quelques problèmes, j’y reviendrais dans un prochain article) sur la base d’un délit de contrefaçon et punies par une suspension de l’accès Internet (l’internaute accusé sera invité à avouer et à passer une transaction avec le juge sous peine d’être lourdement condamné). Notez au passage qu’un décret soumis au Conseil d’Etat instaurerait en plus une amende de 1500 € pour les abonnés n’ayant pas sécurisé leurs lignes après un premier avertissement (et 3000 € en cas de récidive), avec en outre une suspension de 6 mois maximum de l’accès Internet. Le texte pourrait être présenté au conseil des ministres dès ce 24 juin, avant d’être soumis à l’Assemblée Nationale le 20 juillet.

On notera que Nathalie Kosciusko-Morizet est confirmée dans ses fonctions de secrétaire d'Etat à l'économie numérique. D’autre part, Christian Estrosi devient ministre de l’Industrie, et aura donc dans ses mains plusieurs dossiers numériques sensibles comme le déploiement de la fibre optique, l’attribution de la quatrième licence 3G, ou encore le dividende numérique.

Mise à jour du 26 juillet 2009 : C'est finalement le couple Frédéric Mitterrand (pour la Culture) et Michèle Alliot-Marie (pour la Justice) qui a défendu le projet de loi Hadopi 2 (voir article en une).

12 - Microsoft lance déjà les soldes sur Windows 7 (article publié le 14 juillet 2009)

boites Windows 7Microsoft a dévoilé les tarifs de son futur système d’exploitation. 4 phases ont ainsi été définies.

- Depuis le 26 juin dernier, et jusqu’au 31 janvier 2010, tous les acheteurs de PC dotés de Windows Vista ou les acheteurs de la version boite de Vista (uniquement pour les versions Familiale Premium, Professionnelle et Intégrale) pourront bénéficier gratuitement de Windows 7 dès sa sortie le 22 octobre prochain (hormis les frais de port et les éventuels frais de traitement). http://www.microsoft.com/france/windows/7/acheter/mise-a-niveau-windows-7.aspx

- La seconde phase est inédite puisqu’il s’agit d’une opération promotionnelle qui débute ce 15 juillet pour s’achever le 14 août prochain. Il va être possible de précommander Windows 7 édition Familiale Premium et Windows 7 édition Professionnelle, respectivement au prix public conseillé de 49,99 € et 109,99 € (ce qui plutôt bon marché pour des systèmes d’exploitation Microsoft complets hors version OEM). Cette offre est toutefois limitée à 3 commandes par foyer, et limitée dans toute la France à seulement… 76.000 exemplaires (Microsoft explique en effet vouloir récompenser les bêta-testeurs français… alors que les bêta-testeurs américains obtiennent le logiciel gratuitement). L’opération devrait vraisemblablement s’arrêter bien avant la date prévue, dès l’épuisement des stocks (une telle opération s’est ainsi achevée en quelques heures au Japon). Notez au passage que les boites de Windows 7 contiendront les versions 32 et 64 bits, et ne seront disponibles que le 22 octobre.
Les précommandes seront possibles sur le Microsoft Store, ainsi que sur des sites partenaires (RueDuCommerce, LDLC, Pixmania, Fnac, Surcouf, Amazon, Materiel.net, CDiscount et Grosbill). http://www.microsoft.com/france/windows/7/acheter/pre-commande-windows-7.aspx 

- La troisième phase démarrera le 22 octobre prochain pour s’achever fin décembre. Les prix de lancement des versions Familiale Premium, Professionnelle et Intégrale ont ainsi été fixés à respectivement 119,99 €, 285 € et 299 €.

- Enfin, à partir de 2010, ces mêmes versions seront commercialisées respectivement à 199,99 €, 309 € et 319 €. Par rapport à Windows Vista, seule la version Familiale Premium est moins chère de 80 €, les autres restant aux mêmes tarifs. On remarquera au passage que Microsoft continue de gonfler ses tarifs en Europe, puisque les prix des licences y sont de 40 à 100 % plus élevés qu’aux USA.

Certains revendeurs américains ont déjà affiché un pack familial de Windows 7 (contenant 3 licences), référencé à 136,95 $.

Notez que suite aux menaces de la Commission européenne, les versions commercialisées en Europe seront les versions « Windows 7 E », donc dépourvues d’Internet Explorer 8 (il faudra donc se procurer auparavant un navigateur Internet, car il sera difficile d’en télécharger un sans navigateur intégré…). C’est d’ailleurs pour cette raison que Microsoft ne proposera pas de version mise à jour de Windows 7 en Europe pour le lancement, alignant donc le prix des versions complètes de ceux des mises à jour.

Au passage, une nouvelle build de Windows 7 vient de faire son apparition sur Internet. La build 7600 serait, selon les premières rumeurs, la RTM, ce qui laisse augurer d’une annonce lors de la Microsoft Worldwide Partner Conference de la Nouvelle-Orléans qui vient de débuter et qui s’achèvera le 16 juillet prochain.
Pour les récents possesseurs de netbooks, dotés de Windows XP (et qui ne peuvent donc bénéficier de la garantie technologique de Microsoft pour obtenir Windows 7 gratuitement), notez que Microsoft réfléchirait à la possibilité de commercialiser Windows 7 sur une clé USB.

Côté entreprises, malgré les retours positifs qui accompagnent la version release candidate du système, les directeurs informatiques restent sceptiques. Ainsi, selon une étude de Script Logic, environ  60 % d’entre eux n’ont aucune intention de migrer vers Windows 7. Seuls 5,4 % l’envisagent dès cette année, alors que 34 % envisage une mise à jour d’ici fin 2010. Or, fin 2010, un nouveau système d’exploitation made in Google sera disponible… ce qui sera l’objet d’un prochain article.

Mise à jour du 14 juillet 2009 : Microsoft vient d'expliquer sur le blog de Windows 7 que la version RTM sera annoncée durant la seconde quinzaine de juillet, le temps de finaliser l'ensemble des traductions du système. http://windowsteamblog.com/blogs/windows7/archive/2009/07/13/update-on-windows-7-rtm.aspx

Mise à jour du 15 juillet 2009 : Seul Amazon a finalement proposé dès minuit la pré-réservation de Windows 7. Inutile de dire que le stock disponible a été écoulé en quelques dizaines de minutes seulement. De son côté, le Microsoft Store n'a même pas réussi à proposer le moindre exemplaire, puisqu'il est tombé en panne dès minuit et ceci pendant plusieurs heures. Mais le meilleur reste encore Materiel.net, qui avait ouvert par erreur les réservations dès le 26 juin dernier, et qui a donc placé les pré-commandes déjà enregistrées en attente de confirmation...

Mise à jour du 16 juillet 2009 : Sans surprise, la pénurie organisée par Microsoft a fait son effet : les sites de vente en ligne qui ont ouvert les réservations au cours de la journée du 15 juillet ont été littéralement dévalisés en quelques minutes. La pénurie a été quasi-totale au bout de 24 heures. Au moment où j'écris cet article, on ne trouve plus en ligne que quelques exemplaires de l'édition Professionnelle sur le Microsoft Store (qui est resté saturé une grande partie de la journée, ce qui semble très curieux pour un éditeur de logiciels serveurs...), et quelques exemplaires des deux versions sur le site de Carrefour Online, qui devraient rapidement disparaitre. Si vous désirez encore réserver un exemplaire, il semble que l'on en trouve toujours dans les grandes surfaces et les chaines de magasins spécialisés, qui sont listées sur le site de Microsoft (lien ci-dessus).

Mise à jour du 26 juillet 2009 : Voici 3 informations supplémentaires pour compléter cet article :
- Pré-commande : Tous les exemplaires n'ont pas encore été écoulés, les sites remettant régulièrement en ligne une poignée d'exemplaires suite à des annulations de commandes. En outre, le site de Conforama semble encore posséder un stock de coupons. D'autre part, il semble qu'il n'y a pas eu la ruée dans les boutiques, où l'on trouve toujours des coupons de réservation.
- Windows 7 est officiellement RTM : Il s'agit de la build 7600.16385, compilée le 13 juillet dernier. Déjà disponible pour les OEM, elle sera mise en ligne pour les clients MSDN et Technet le 6 août prochain en version anglaise (puis le 7 août pour les clients Software Assurance, le 16 août pour les membres du Partner Program Gold, le 23 août pour les clients Microsoft Action Pack, et le 1er septembre pour les autres clients de licence en volume). Les packs de langues sont attendus pour le 1er octobre. Enfin, le grand public devra patienter jusqu'au lancement commercial, le 22 octobre prochain. Bien évidemment, cette version circule déjà sur les réseaux P2P... Notez que Windows Server 2008 R2 a également obtenu le statut RTM.
- Windows 7 proposera le choix du navigateur Internet : Ultime surprise, Microsoft a finalement cédé devant la Commission Européenne. L'éditeur a en effet accepté la proposition d'Opera, c'est-à-dire l'affichage d'un « Brower Ballot », un écran de sélection du navigateur. Les navigateurs proposés devront répondre à 3 contraintes : avoir une part de marché d'au moins 0,5 % en Europe, être dans le top 10 des navigateurs en Europe, et être encore supporté par son éditeur. Ce sont donc 5 navigateurs qui seront proposés : Internet Explorer, Chrome, Firefox, Opera et Safari. En cas de choix différent d'Internet Explorer, le navigateur de Microsoft sera désactivé et l'utilisateur sera dirigé vers le téléchargement du navigateur alternatif. Enfin, l'écran de sélection devrait être mis à jour tous les 6 mois suite à l'étude d'un cabinet d'analystes indépendant choisi par Microsoft et la Commission. L'écran sera intégré via Windows Update aux éditions européennes de Windows XP, Vista et 7. Si l'enquête de la Commission se poursuit, celle-ci a déjà accueilli favorablement la nouvelle proposition de Microsoft. http://www.microsoft.com/presspass/press/2009/jul09/07-24statement.mspx

13 - Google contre Microsoft : l’affrontement sera total en 2010 (article publié le 15 juillet 2009)

Chrome OS vs OfficeDepuis que Bill Gates avait annoncé qu’Internet n’avait pas d’avenir, Google avait compris qu’une voie était désormais tracée pour conquérir progressivement le terrain que Microsoft ne souhaitait pas investir. Quand Microsoft s’est rendu compte de sa bourde, il était déjà trop tard : Google venait de s’accaparer la place du moteur de recherche préféré des internautes, en raflant au passage la manne du marché publicitaire sur Internet. Depuis, Microsoft tente de reprendre des parts de marché, mais en vain. Il suffit de constater l’évolution du moteur de recherche de Microsoft, MSN, devenu Live Search puis dernièrement Bing, qui malgré ses qualités indéniables n’a réussi qu’à rassembler en juin que 8,23 % des internautes américains (contre 78,48 % pour Google et 11,04 % pour Yahoo). Notez que c’est quand même un peu plus que Live Search (environ 7,5 %), et que Bing.com se classe comme le 13ème site le plus fréquenté aux USA, alors que tous les services n’ont pas encore été lancés.

Mais Google a une vision bien plus large, puisqu’il espère, en s’appuyant sur ses services web, remplacer à terme Microsoft, pas moins. Ainsi sont apparus des services en ligne concurrents de Microsoft Office (Google Documents), un navigateur Internet (Google Chrome), et plus récemment un système d’exploitation pour mobile (Google Android) qui est en passe de concurrencer Windows Mobile. Il est temps désormais pour Google de s’attaquer au cœur de métier de Microsoft, c'est-à-dire à Windows. C’est sur son blog officiel que Google a dévoilé son nouveau projet, Google Chrome OS, un système d’exploitation destiné principalement aux netbooks, et qui sera disponible au second semestre 2010. Pour le moment, peu d’informations ont filtré sur ce système, qui semble être encore à l’état embryonnaire. Open source (basé sur Linux, le code source sera d’ailleurs publié fin 2009), il se veut léger, simple, doté d’une interface en mode fenêtrée et minimaliste, connecté mais sécurisé, et centré autour du navigateur Chrome pour s’appuyer sur des services en ligne : « Comme nous l'avons fait avec notre navigateur Google Chrome, nous revenons aux fondamentaux et repensons complètement l'architecture qui sous-tend l'ensemble du système, de façon à ce que les utilisateurs n'aient pas à se préoccuper des virus, des malwares ou de mises à jour de sécurité. Ça doit simplement fonctionner ». Le travail des développeurs sera simplifié puisque les applications en ligne existantes fonctionneront avec Chrome OS.
Compatible x86 et ARM, le système sera distinct d’Android (même si des composants communs sont envisagés). Rappelons que plusieurs constructeurs envisageaient d’utiliser Android sur les netbooks pour pallier les frais engendrés par Windows XP, c’est donc une des raisons pour laquelle Google semble anticiper cette annonce. Enfin, Google Chrome OS sera évidemment gratuit.
Et Google frappe fort, en dévoilant les noms des fabricants qui le soutiennent : Acer, Adobe, Asus, HP, Lenovo, Qualcomm, Texas Instruments, et Freescale. Mais le partenaire le plus étonnant n’a pas été cité par Google : c’est en effet Intel lui-même qui l’a dévoilé : « Nous travaillons avec Google sur différents projets, ainsi que sur des éléments relatifs à celui-ci. Nous avons été informés de ce projet il y a quelque temps ». En outre, alors qu’Intel travaille sur son propre système d’exploitation léger, Moblin, plusieurs fabricants affirment qu’Intel serait en pourparlers avec Google pour développer des MID avec ses systèmes d’exploitation. De quoi faire exploser le couple « Wintel » ?
Il est clair que la fenêtre de lancement est une véritable opportunité pour Google. Au top de la popularité, face à un Microsoft très critiqué, un Windows Vista contesté et un futur Windows 7 non encore adopté par les entreprises, Google a une vraie carte à jouer.

Et Microsoft dans tout ça ? Et bien ce dernier ne se démonte pas. Confiant sur l’adoption de Windows 7, déjà annoncé comme un futur succès, l’éditeur va une nouvelle fois tenter de faire vaciller Google en l’affrontant sur son propre terrain, celui des services en ligne. Et Microsoft frappe fort également : il annonce sur son blog que la version en ligne d’Office 2010 (comprenant Word, Excel, Powerpoint et Onenote), Office Web Applications 2010, sera disponible au premier semestre 2010, et sera… gratuite ! Bien évidemment, la contrepartie sera une limitation des fonctionnalités (même si cette suite restera plus puissante que Google Documents) et une restriction du travail collaboratif à Word. Elle fonctionnera sous Windows et MacOS X, avec Internet Explorer, Safari et Firefox. Elle devrait vraisemblablement fonctionner également sous Linux, ce qui est une première pour Microsoft. Deux autres versions en ligne, destinées aux entreprises et plus complètes, sont également prévues mais seront payantes (sous la forme d’un contrat annuel ou d’un abonnement). Une version pour smartphone est également annoncée, sous le nom Mobile 2010, qui reposera sur le cloud computing. Avec cette force de frappe, Microsoft va évidemment en profiter pour rediriger les internautes vers son moteur de recherche et ses autres services en ligne. 2010 risque d’être le théâtre d’une bataille très agitée entre les deux géants…

14 - Amazon est-il le nouveau Big Brother ? (article publié le 21 juillet 2009)

George Orwell sur le Kindle d'AmazonVoici une nouvelle illustration de l’incroyable pouvoir de nuisance des DRM, cette fois-ci appliquée aux livres électroniques. Des américains, possesseurs de l’ebook Kindle d’Amazon, ont découvert avec stupéfaction que certains titres (parmi une centaine) qu’ils avaient achetés et téléchargés sur leurs appareils, tous édités par l’éditeur MobileReference, avaient été supprimés à distance par le site marchand et automatiquement remboursés, et ceci en toute discrétion et sans aucun avertissement ! En effet, des ayants droit ont indiqué à Amazon que MobileReference ne possédait pas les droits des titres commercialisés, Amazon n’effectuant apparemment aucun contrôle préalable. Pour éviter les poursuites, la librairie en ligne a choisi une méthode radicale et contestable, en déclenchant un effacement des fichiers à distance (le Kindle intègre en effet une carte SIM et exploite le réseau de Sprint pour acheter et télécharger les livres) et en retirant les titres de son site. Pour l’anecdote, un étudiant accuse Amazon d’avoir détruit son propre travail, puisqu’il a perdu les annotations qu’il avait ajoutées à un livre qui a été effacé. L’opération aurait été évidemment impossible avec un exemplaire papier…

Par une étonnante et amusante coïncidence, on trouve parmi ces titres le célèbre « 1984 » de George Orwell (qui n’est pas libre de droit aux USA – ni en Europe d’ailleurs - contrairement à d'autres pays comme le Canada), où l’auteur décrit la surveillance à distance de la population, une police de la pensée, et une autorité morale supérieure qui décide de ce qu’il est bon ou non de lire. Les internautes ont évidemment très rapidement fait le rapprochement avec l’attitude hallucinante d’Amazon, dont le geste est en outre en contradiction avec ses propres conditions de service puisqu’il précise que les consommateurs ont acquis « le droit de conserver une copie permanente du contenu numérique et de le visualiser, de l'utiliser et de l'afficher sans limitation ». Peu flatté de cette comparaison, un porte-parole du site marchand a reconnu qu’une telle opération était « une mauvaise idée et que le système allait être modifié de manière à ce qu'une telle manœuvre ne soit plus nécessaire ».

Toutefois, ce n’est pas la première fois que ce genre d’affaires se produit, puisqu’un cas similaire avait touché des livres de Stephenie Meyer et de J.K. Rowling. Mais cette fois, la médiatisation de la polémique pourrait obliger Amazon à trouver une solution plus acceptable. Notez que pour éviter la destruction de l’exemplaire électronique d'un titre, il est possible de sauvegarder une copie sur son ordinateur…  Dans tous les cas, cette affaire risque de rendre plus méfiants les consommateurs envers les livres électroniques, et du Kindle en particulier.

Mise à jour du 26 juillet 2009 : Jeff Bezos, le PDG et fondateur d'Amazon, a publié les excuses d'Amazon sur le forum du site : « Ceci est une excuse pour la manière dont nous avons géré la situation des ventes illégales de 1984 et d'autres romans sur le Kindle. Notre "solution" au problème manquait de considération, était stupide et nous avons largement dépassé les limites de nos propres principes. Nous nous sommes infligés cette punition et nous méritons les critiques que nous avons reçues. Nous tirerons les leçons de cette erreur douloureuse pour prendre de meilleures décisions à l'avenir, en accord avec notre mission ».